Le blog du festival LabeauMe en Musiques (Ardèche). Pour suivre l'ambiance, l'équipe et les dessous du festival, le compte-rendu des soirées, des moments forts, les reportages photographiques... Et vous permettre de faire partager ces moments inoubliables !
19.1.06
ALLA FRANCESCA 28 janvier 2006
la méditerranée en trio
Pour ce premier Quartier d'Hiver de l'année 2006, Brigitte Lesne (chant et harpe) et Pierre Hamon (flûtes et cornemuse) s'adjoignent le talent du percussionniste et chanteur Carlo Rizzo, improvisateur virtuose des tambourins traditionnels italiens.
périple musical
Après deux escales napolitaines, l'horizon s'élargit aux rivages méditerranéens. Naples n'en sera pas absente, mais sans exclusive : chansons de troubadours provençaux, cantigas et chants séfarades d'Espagne, danses d'Italie, poèmes d'amour et prières de Sicile ou de Catalogne...
C'est l'étonnante diversité des musiques médiévales de la Méditerranée qu’Alla francesca - trio de virtuoses complices et passionnés ressuscite.
Kaléidoscope musical, tour à tour festif et poétique durant lequel, après avoir parcouru laudes à la Vierge, istanpitte et autres musiques de danses instrumentales italiennes, puis croisé en Provence le chemin des troubadours, le programme se conclue par plusieurs chants séfarades, composés en péninsule Ibérique avant l’expulsion des juifs en 1492…
entre musiques savantes et traditionnelles
Il n’est ici question que de cette partie nord de la Méditerranée, qui, de Sicile à Gibraltar, court les rives de l’Europe. La culture médiévale nous y a laissé nombre de ses plus beaux joyaux qui, sur presque trois siècles, du 12e au 14e, ressuscitent l’esprit méditerranéen tel qu’il s’ancre dans ces pays, carrefours de nombreuses influences.
D’une feinte simplicité ou d’une extrême sophistication, un programme à découvrir avec Alla francesca le samedi 28 janvier 2006 à l'église de Saint Sernin.
Alla francesca
Méditerranée médiévale
Brigitte Lesne,
harpe et voix
Pierre Hamon,
flûtes et cornemuse
Carlo Rizzo,
tambourins et voix
Programme
Musiques traditionnelles et médiévales en Italie (laudes, tarentelles, estampies), France (troubadours) et Espagne (chants séfarades)...
12e–14e siècles
Alla francesca Ensemble de “ musique de chambre ” fondé au début des années quatre-vingt dix, Alla francesca poursuit ses recherches sur l’interprétation des chansons et danses instrumentales du Moyen Age. Placé sous la direction complice de Pierre Hamon et Brigitte Lesne, il expérimente les pratiques et les choix jusqu’à obtention d’une interprétation optimale. L’accent est mis, d’une part, sur les techniques instrumentales (vièles, harpes, luths, flûtes, …), en recherchant finesse de jeux et articulations adaptées aux musiques de danse et à l’accompagnement du chanteur ; d’autre part sur une vocalité spécifique et sur la mise en musique du texte poétique.
Tout en se référant au travail des musicologues et à la lecture des écrits médiévaux (traités, oeuvres littéraires, livres de comptes…), l’ensemble confronte ses pratiques à celles des musiques populaires ou savantes non occidentales (Inde et Asie, Proche- Orient et Maghreb, Europe centrale), ainsi qu’aux recherches organologiques des facteurs et luthiers. Chants des troubadours et des trouvères, oeuvres majeures de Machaut et Dufay, répertoires plus spécifiquement espagnols (cantigas, Llibre vermell de Montserrat…) ou du trecento italien (Francesco Landini, Istanpitte…), musiques traditionnelles plongeant leurs racines dans ces hautes époques (chants séfarades, tarentelles…), c’est tout un kaléidoscope musical, tour à tour festif et poétique, d’une feinte simplicité ou d’une extrême sophistication, qu’Alla francesca ressuscite.
Brigitte Lesne est devenue, au fil des concerts et enregistrements, la véritable incarnation du chant médiéval au féminin. Alliant art et savoir, elle s’appuie sur sa solide connaissance stylistique des répertoires vocaux les plus anciens, et de la notation grégorienne neumatique, pour restituer, dans toute leur force première et leurs subtiles saveurs, les musiques monodiques et polyphoniques du Moyen-âge. Elle dirige, d’une part, l’ensemble de voix de femmes a cappella Discantus – et d’autre part, en compagnie du flûtiste Pierre Hamon, le groupe vocal et instrumental Alla francesca. Depuis le début des années 90, elle s’est produite, avec ces deux ensembles, dans la plupart des grands festivals de musique ancienne et festivals internationaux Son abondante discographie a fait l’unanimité de la critique musicale. Brigitte Lesne transmet ses connaissances lors d’ateliers pratiques qu’elle anime au Centre de musique médiévale de Paris.
Carlo Rizzo a découvert le tambourin avec le répertoire du Sud de l’Italie puis a axé ses recherches vers l’ensemble des musiques traditionnelles de la péninsule, y compris vocales, mais aussi vers les musiques anciennes, contemporaines, improvisées et jazz. L’interprète se double en lui d’un inventeur et aussi d’un compositeur. Depuis 1988, il a créé plusieurs ensembles et se produit régulièrement en récital solo depuis 1992.
Flûtiste à bec au parcours atypique, Pierre Hamon se passionne tout jeune pour les répertoires les plus anciens, baroques et antérieurs, tout en poursuivant des études de mathématiques et physiques avant de décider de s’orienter exclusivement vers la musique. Son instrumentarium ne ressemble à aucun autre. Constitué de flûtes médiévales, renaissances et baroques de toutes tailles, il comporte aussi de très nombreux instruments issus des univers traditionnels. Il se produit en récital solo, mêlant musiques médiévales et contemporaines, est cofondateur de l’ensemble Alla francesca, dont il dirige aussi la version uniquement instrumentale, et se produit régulièrement comme chambriste avec Jordi Savall, ainsi qu’avec les ensembles Hesperion XXI, Il Seminario Musicale, et le Poème Harmonique.
Méditerranée médiévale “ Si vaste que soit la Méditerranée à la mesure des vitesses de jadis, elle ne s’est jamais enfermée dans sa propre histoire. Elle en a rapidement transgressé les limites : à l’Ouest vers l’océan Atlantique ; à l’Est à travers le Proche-Orient qui la fascinera des siècles durant ; au Midi vers ses marches désertiques, bien au delà des palmeraies compactes ; au Nord, vers les interminables steppes eurasiatiques qui touchent à la mer Noire ; au Nord encore, vers l’Europe forestière lente à s’éveiller, bien au-delà de la limite traditionnelle et comme sacro-sainte de l’olivier.
Le dernier olivier dépassé, la vie et l’histoire de la Méditerranée ne s’arrêtent pas pour faire plaisir au géographe, au botaniste ou à l’historien. C’est même le trait majeur du destin du Mare Internum que d’être inclus dans le plus vaste ensemble de terres émergées qui soit au monde : le grandiose, le “ gigantesque continent unitaire ”, européo-afro-asiatique, sorte de planète à lui seul, où tout a circulé précocement. Les hommes ont trouvé à travers ces trois continents soudés la grande scène de leur histoire universelle.
Là se sont accomplis leurs échanges décisifs ; Et, comme ce poids humain roule interminablement jusqu’à la Mer Intérieure, s’arrête régulièrement sur ses bords, il n’est pas étonnant que la Méditerranée ait été si tôt un des centres vivants de l’univers, et qu’elle ait rayonné, à son tour, à travers ces continents massifs qui sont, pour elle, une zone de résonance. L’histoire de la Méditerranée est à l’écoute de l’histoire universelle, mais sa propre musique se fait entendre au loin… ”*
Ce concert nous fait écouter diverses musiques de ces rivages. D’une péninsule à l’autre – Italie et Espagne –, il tourne autour du golfe du Lion et pénètre profondément dans les terres. On le voit, il n’est ici question que de cette partie de la Méditerranée, qui, de Sicile à Gibraltar, court les rives de l’Europe. La culture médiévale nous y a laissé nombre de ses plus beaux joyaux : laudes, danses et chansons, qui, sur presque trois siècles, du 12e au 14e, ressuscitent l’esprit méditerranéen tel qu’il s’ancre dans ces pays, carrefours de nombreuses influences.
Mais ce programme rayonne au-delà de ces limites géographiques ou temporelles. L’instrumentarium utilisé par Alla francesca est particulièrement significatif :
• Le duo flûte double / harpe médiévale évoque l’image, si fréquente dans l’iconographie grecque antique, de l’aulos et de la lyre – ils en sont comme une survivance ;
• les tambourins, simples peaux animales tendues sur un cadre circulaire en bois, sont présents, semble-t-il depuis toujours, sur le pourtour du bassin méditerranéen et bien au-delà. On en trouve de nombreuses figurations dans les mosaïques romaines. De même, le va et vient entre l’univers des musiques anciennes – savantes –, et traditionnelles – d’inspiration souvent plus populaires – sonne à nos oreilles de manière à la fois familière et exotique.
Et l’on ne sait plus ce qui est proche ou lointain ni comment mesurer la distance (dans le temps ou dans l’espace ?), à ces musiques qui sont nôtres. Un peu comme dans la grande fratrie des peuples méditerranéens, si proches et parfois si lents à s’entendre… Après avoir parcouru laudes à la Vierge, estampies et autres musiques de danses instrumentales italiennes, puis retrouvé les troubadours provençaux, le programme se conclue par plusieurs chants séfarades, composés en péninsule Ibérique avant l’expulsion des juifs en 1492, musiques d’un peuple en voyage, qui sont comme le symbole des migrations méditerranéennes du monde antique et médiéval et des échanges culturels portés par l’eau…
Alla francesca s'est déjà produit dans de très nombreux festivals de musique ancienne en France (Beaune, Ambronay, Haut-Jura, Simiane...) à Paris (théâtre Grévin, musée de Cluny, Sainte-Chapelle...) et un peu partout dans le monde (Allemagne, Australie, Belgique, Brésil, Espagne, Nouvelle-Zélande, Portugal, Pologne, Royaume-Uni, Russie, Suisse, Ukraine...) de nombreux concerts ont été retransmis par la radio.
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1 commentaire:
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