Le blog du festival LabeauMe en Musiques (Ardèche). Pour suivre l'ambiance, l'équipe et les dessous du festival, le compte-rendu des soirées, des moments forts, les reportages photographiques... Et vous permettre de faire partager ces moments inoubliables !
27.7.06
EXCLUSIF : Rencontre avec Barbara Hendricks à la Villa Saint-Patrice ( St Alban-Auriolles) le samedi 22 juillet 2006.
Alors comment s'organise-t-on pour l'interview ?
Une partie des medias locaux à la Villa Saint-Patrice.
Question : vos derniers récitals ont eu lieu au Japon, en Espagne, en Russie ou en Suède. Pourquoi avez-vous choisi Labeaume en Ardèche ?
Barbara Hendricks : Je ne connaissais pas l’Ardèche, mais j’aime travailler avec des personnes passionnées. Mon agent m’a parlé de la passion qui anime les organisateurs du Festival Labeaume en Musiques. Je n’ai pas hésité à accepter. Le plus important c’est l’enthousiasme des gens et la rencontre avec un public qui a envie de m'entendre. J’ai chanté dernièrement à Arles… L’Ardèche est un bel endroit.
En fait, j’ai chanté un peu partout en France. Quand je chante à Orange par une belle nuit étoilée avec un peu de mistral, c’est magique ! On ne peut retrouver ces sensations dans une salle d’opéra.
Philippe et Isabelle au petit soin pour Barbara Hendricks et les journalistes.
Question : Vous revenez du Liban. Pensez-vous que la musique puisse changer les choses ?
Barbara Hendricks : J’étais à Byblos une quinzaine de jours avant les évènements actuels. L’art ne peut pas arrêter les bombes. "Aller là où les gens souffrent et me mettre à chanter, non. mais la souffrance m'aide à réaliser que je fais partie de cette humanité. Indirectement, c'est une énorme force..."
Les libanais sont des hommes enthousiastes et fiers. Après l’assassinat de leur premier ministre, ils étaient sur le chemin d’un espoir, d’une démocratie. Malheureusement les évènements d’aujourd’hui ont arrêté tout cela et maintenant je suis triste et je trouve la situation insupportable. Même si je ne suis pas « pacifiste » je trouve qu’il vaut mieux se parler avant de frapper, pour sauver des vies innocentes.
Question : Vous êtes ambassadrice au Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations-Unies (UNHCR), et depuis 1998 vous avez créé la Fondation Barbara Hendricks ‘Pour la Paix et la Réconciliation’. Après près de 20 ans de dévouement à la cause des réfugiés et d'inlassable soutien à l'action de l'UNHCR, vous avez été nommée ambassadrice honoraire à vie de l'organisation. Pouvez-vous nous parler de cet engagement qui vous anime ?
Barbara Hendricks : Le UNHCR a vu les fonds alloués par les gouvernements progressivement diminuer. Ils ont alors eu l’idée de choisir des ambassadeurs pour recueillir des fonds, et ils ont fait appel à moi. J’ai visité quelques camps de réfugiés avant de m’engager et vous savez, à la différence des diplomates professionnels, en tant qu’ambassadrice du HCR, il m’est beaucoup plus facile de plaider la cause des réfugiés.
Avec la fondation ‘Pour la Paix et la Réconciliation’ nous attribuons un prix pour mettre sous les projecteurs ceux que nous voulons protéger, comme les militants des droits de l'homme dans certains pays. Le dernier en date a été attribué à un avocat colombien(1).
Nous souhaitons aussi intervenir dans l’éducation secondaire des jeunes réfugiés qui, sinon, pourraient verser dans la criminalité ou devenir des mercenaires.
Mais ma principale passion reste néammoins l’Art. Je me suis attaché, pendant mes études à la composition, mais je n’étais pas très douée, je me suis lors dirigée vers le chant et là ça été toute autre chose…
Jean Férole écoute la réponse de Barbara Hendricks sur le probléme du Liban.
Nous avons besoin de la Nature et de l’Art pour nourrir nos âmes. Pour nous qui avons le privilège d’avoir accès à l’Art, cela nous rapproche des autres. Il y a dans l’Art quelque chose qui nous réuni et nous rappelle une unité. C’est peut-être ce que les hommes cherchent dans une religion ?
Question : Barbara Hendricks comment vivez-vous d’être une cantatrice mondialement reconnue ?
Barbara Hendricks : Vous savez, à la maison (à Clarens – Suisse), je suis une femme comme les autres. Je fais le ménage ! Je vais d’ailleurs repasser le costume de mon mari pour la soirée de demain (sourires). Quand je sort je mets une casquette ou un chapeau et personne ne me remarque. En fait à la sortie d'un concert tout le monde me reconnait, mais dans la rue, là personne ne s'attend à me voir. Et comme je marche vite, je suis déjà loin si on m'a reconnu !
C’est en fait assez formidable d’avoir une vie ordinaire. Il y a quelques temps je suis allé dans un grand magasin parisien faire des achats. Personne ne s’est retourné. Je suis passé à 4 caisses avec ma carte bancaire, cela n’a fait réagir personne ! C’est ça qui me sauve (rires francs…) !
Puis après avoir parlé de sa vie de famille (on parle 3 langues à table : le suédois, l’anglais et le français) Barbara Hendricks nous présente le label qu’elle vient de créer sur internet.
Barbara Hendricks : Vous savez, après un enregistrement, le matériau ne nous appartient plus, c’est comme si vous laissiez votre bébé après l‘accouchement à quelqu’un d’autre ! Avec un distributeur indépendant j’ai créé mon propre label de disques et le premier CD de chansons espagnoles sortira en octobre.
Grâce à internet je pourrais suivre mon travail. Cet outil facilite la distribution indépendante. Ce dont j’ai envie n’est pas forcément du goût d’un distributeur. Il recherche naturellement ce qui se vendra. Avec mon propre label, si ça se vend tant mieux, mais ce n’est pas ma motivation principale. Je le fais pour que mon travail soit accessible, pas pour assurer ma retraite !
Le site du Label indépendant de Barbara Hendricks
Question : Pouvez-vous nous donner l’adresse du site où nous pourrons nous procurer vos prochaines réalisations ?
Barbara Hendricks : www.arteverum.com. Le site a été lancé en janvier 2006 au MIDEM.
Question : Pouvez-vous nous dire en quelques mots comment vous avez conçu le programme de demain soir ?
Barbara Hendricks : Il est construit autour de choix qui me touchent et que j'ai envie de faire partager au public de Labeaume en Musiques.
Un concert construit comme un dialogue entre poètes et compositeurs, entre Goethe et Beethoven, Leconte de lisle et Gabriel Fauré, Louise de Vilmorin et Françis Poulenc.
Question : Quels seront vos prochains récitals ?
Barbara Hendricks : Je vais chanter le 25 à Aix-les-Bains, puis ensuite à Verbier (Suisse) avant de terminer par la Hongrie le 6 août, et ensuite je prendrai des vacances.
Merci Barbara. Nous espérons que vous serez ravie du cadre de votre récital demain soir.
Barbara Hendricks :Je vais le découvrir tout à l'heure...
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Liens :
UNHCR en bref
Le site officiel de Barbara Hendricks
Le nouveau label de disques de Barbara Hendricks
Concernant la Villa St Patrice qui a reçu Barbara Hendricks, celle-ci date de la du fin XVIIIeme siècle. Elle a principalement appartenu à une congrégation religieuse "disciples de St Basile" qui était également jumelée avec une congrégation Canadienne. Ils avaient acheté la maison pour en faire une lieu de rencontre entre les Canadiens et les Français d'où le nom de Villa, et St Patrice était le prénom du premier Basilien français parti au Canada.
Guillemette Tourre. Villa St Patrice - 07120 St Alban-Auriolles
Voir aussi l'interview filmée par la7.fr ici
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Dimanche 23 juillet 2006 pour les 10 ans de Labeaume en Musiques
Petite biographie :
Barbara Hendricks est née en 1948 à Stephens, dans l'Arkansas, aux Etats-Unis. Son père est pasteur et elle reçoit une éducation très stricte. Elle se forme d'abord aux chants méthodistes de la paroisse, avant de découvrir le jazz à l'école.
A l'âge de 20 ans, elle part étudier la musique à New York, où elle a été l'élève de la mezzo-soprano Jennie Tourel, contre l'avis de ses parents. Auparavant, elle avait obtenu, une licence de chimie et de mathématiques de l'université du Nebraska.
Barbara Hendricks fait sa première apparition publique en 1974, à l'Opéra de San Francisco. Elle commence alors une carrière internationale en jouant le rôle de Suzanne dans les Noces de Figaro et se produit dans les plus grands opéras comme La Scala ou l'Opéra de Paris. En 1977, elle part en tournée avec Karajan, puis en 1985 avec Bernstein.
Parallèlement, après près de vingt années de dévouement à la cause des réfugiés et d'infatigable soutien au Haut Commissariat pour les Réfugiés, elle a été nommée Ambassadrice Honorifique à Vie pour le HCR.
Fin 1991 et 1993, elle donne, en ex-Yougoslavie alors dévastée par la guerre, deux concerts de solidarité: l'un à Dubrovnik et l'autre à Sarajevo. En 1998, elle fonde la Fondation Barbara Hendricks "Pour la Paix et la Réconciliation", afin de personnaliser sa lutte pour la prévention des conflits dans le monde et de faciliter la réconciliation et encourager la paix. En 2001, à la demande du lauréat du Prix Nobel M. Kofi Annan, elle a chanté pour la cérémonie et le concert de gala du Prix Nobel de la Paix à Oslo, et en mai 2002 pour la cérémonie du Jour d'Indépendance du Timor Oriental.
Barbara Hendricks a reçu de nombreuses distinctions pour ses activités artistiques, ainsi que pour ses actions humanitaires : Docteur en musique de l'Université Wesleyan du Nebraska (1988), Docteur Honoris Causa de l'Université de Louvain en Belgique (1990), Membre Honoraire de l'Institut de Droit humanitaire de San Remo en Italie (1990), Docteur en Droit de l'Université de Dundee en Ecosse (1992). Docteur Honoris Causa de l'Université de Grenoble en France (1996). En 1986, la Croix de Commandeur des Arts et des Lettres lui est décernée par le Gouvernement Français. En 1992, Barbara Hendricks est élevée au rang de Chevalier de la Légion d'Honneur par le Président François Mitterrand. Depuis 1990, elle est membre de l'Académie Suédoise de Musique. Barbara Hendricks a reçu un "honorary degree" de la "Juilliard School of Music" en mai 2000. La même année, elle reçoit le Prix 2000 de la Fondation pour les Arts du Prince des Asturies pour sa défense des droits de l'homme et sa contribution artistique à l'héritage culturel de l'humanité. En 2001 elle a reçu le prix du Lions Club International pour encourager son travail pour la paix au sein de sa fondation. En 2004, l'Université de Gerona lui a décerné le Prix International Xifra Heras, pour sa défense des valeurs d'humanité, d'honnêteté et d'humilité.
(1) Le lauréat 2003 du Prix Martin Ennals pour les Défenseurs des Droits de l'Homme (MEA) est Me. AlirioUribe Muñoz, président du Colectivo José Alvear Restrepo(Colombie). La cérémonie de remise du prix a eu lieu le 31 mars 2003 à 13h00 à Genève, dans les studios de la Télévision Suisse Romande, avec la participation de Barbara Hendricks et de M. Sergio Vieira de Mello, ancien Haut Commissaire aux Droits de l'Homme des Nations Unies, tué récemment dans un attentat à Bagdad, qui remit le prix à Me. Uribe Muñoz.
Ce prix représente un message clair de reconnaissance et d'espoir pour tous les défenseurs des droits de l'homme en Colombie, qui comme AlirioUribe, risquent leur vie tous les jours pour dénoncer les graves violations des droits de l'Homme et du droit international humanitaire ainsi que pour lutter contre l'impunité qui prévaut dans ce pays. Le travail de ces défenseurs des droits humains est indispensable, compte tenu des violations massives des droits de l'Homme qui sont perpétrées en Colombie: en 2001, on a dénombré 3.366 assassinats politiques, 775 disparitions forcées et plus de 300.000 déplacements forcés. En 2003, la situation continuait à se détériorer.
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Voir également cette autre conférence de presse.
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