31.7.10

Deba de Mayotte : Chœur de femmes Vendredi 30 juillet

Le deba est une pratique culturelle et cultuelle exclusivement féminine, mêlant musiques et danses. Tirées des livres sacrés, les chants sont donnés en langue arabe.
Cet art prend place dans différents contextes. Lorsqu’il se fait louange, les danseuses viennent accueillir les pèlerins à leur retour de la Mecque ; le deba est alors donné entre l’aéroport et le village. 


Il peut tout aussi bien constituer un rite expiatoire durantla période du ramadan ou une gratification à Dieu à l’occasion d’une fête villageoise. De plus en plus, le deba se pratique lors des différentes solennités ; dans ce cas, la danse se déroule dans le bandra bandra, lieu richement décoré. Dans une logique de transmission, les jeunes filles prennent le temps de s’exercer au deba. Le plus souvent, ces séances d’apprentissage se déroulent à la madrassi, autrement dit l’école coranique. Parfois, elles répètent dans les cours des écoles ou tout simplement là où il y a de la place, sous le regard des doyennes. La danse est établie sur une gestuelle très minimaliste des bras, des mains et de la tête. 

L’harmonie du tout tient au fragile équilibre entre mouvements d’ensemble et mouvements individuels ; cet effet de résonance et de grâce est amplifiée par les bijoux ornant le corps de ces femmes, ainsi que par leurs robes aux couleurs chatoyantes. 
 
Alors que les danseuses se tiennent debout la plupart du temps, les percussionnistes sont assises au sol. Si l’on parle de forme musicale responsoriale, c’est parce que la mélodie chantée par la principale chanteuse est généralement reprise par le choeur. Un ensemble de percussions – souvent de différentes tailles – accompagne ces chants : tambour sur cadre tari, tambourin à cymbalette. Différentes figures rythmiques (pulsation, ostinati, variations rythmiques) offrent à entendre une sorte de concert de timbres. Il est actuellement de plus en plus fréquent de sonoriser les représentations de deba.



Située entre la cÙte est africaine et Madagascar, Mayotte possède une tradition musicale ancestrale, résultat des métissages culturels propres à toute île. 
Ce syncrétisme culturel, commun à d’autres archipels de l’Océan Indien, trouve un écho dans la pratique religieuse et spirituelle.

Dans un premier temps, l’influence du monde bantou et swahili de la côte orientale s’est opérée à travers des échanges séculaires. Coutumiers de cette route reliant l’Afrique et l’Asie mineure, les navigateurs arabes connaissaient également l’existence de ces terres. 

C’est au IXe siècle qu’ils y introduirent la traite des esclaves. Au fil des siècles s’est ainsi développé un répertoire musical original, croisant traditions et identitÈs africaines et islamiques.

Des chants, danses et cérémonies rituelles, ayant survécu jusqu'à nos jours, témoignent de cette culture unique à laquelle a donné naissance cette longue histoire, parsemées de tragédies. Jusqu’à l’époque récente de la colonisation, les Mahorais ont constamment entretenu leur relation avec l’Afrique. Si la tradition est garante de l’histoire à travers ses us et coutumes, ce sont les instruments qui ont d’abord participé à la mémoire des chants et des danses jusqu’à nos jours. Ces instruments, dont on conserve encore l’art de la fabrication, ont eu la particularité de se transformer et de s’adapter d’un pays à l’autre, d’un rythme à l’autre, ce qui rend difficile la détermination précise de leur origine.