19.8.07

Et La Tosca passa





Petit vent frais, eaux calmes et torrent de musique à la Turlure ce jeudi 16 août. La météo l’avait prévu pour ce second soir d’hommage à Puccini et à sa Tosca.
Sur scène, la fine fleur. Réunis autour du batteur Daniel Humair, aussi caressant que coléreux, François Méchali dont la contrebasse n’oublie pas qu’elle est un instrument de contrepoint, le pianiste François Couturier fin et inventif, Michel Edelin, sans doute ce que l’on fait de plus musicalement échevelé dans le petit royaume de la flûte de jazz, et le très remuant clarinettiste Jacques Di Donato.

A plusieurs égards, ce concert inspiré par l’opéra de Puccini, s’écartait sensiblement des pratiques les plus courantes en matière de jazz. On pouvait en effet noter la volonté de proposer une musique essentiellement polyphonique alors que le jazz abuse souvent des successions de solos (de chorus comme disent les amateurs).

Très peu donc de morceaux de bravoure solitaires mais des dialogues, des trios, des temps que l’on pourrait qualifier de musique de chambre contemporaine. Seconde distance avec les traditions jazzistique : la manière d’évoquer les emprunts aux œuvres d’origine. Alors que l’on aurait pu s’attendre à l’exposition des thèmes emprunté à Tosca puis à leur interprétation de plus en plus lointaine pour finir sur un retour au thème, les adaptations de Michel Edelin empruntaient un chemin inverse : compositions personnelles aboutissant peu à peu à l’exposition du thème ou de bribes de thèmes.
Un exemple : « Dammi i colori », air serein du premier acte de Tosca, débute en version Edelin sur un ostinato désarticulé, façon Olympia des Contes d’Hoffman, pour évoquer le thème Puccinien comme une danse rituelle digne du Sacre du Printemps.
Exception à cette règle d’un soir, le superbe « Vissi d’Arte », confession poignante de Floria Tosca, développé d’entrée de jeu à la flûte puis repris in fine à la clarinette.
Si les fondus de bel canto n’ont pas toujours reconnu leurs chers arias, les amateurs de jazz et plus généralement tous ceux qui goûtent les musiques contemporaines ont vécu un moment rare.



Jean Férole (texte et photos)


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